Jean Moulin naquit à Béziers, le 20 juin 1899, mais ses origines sont toutes provençales. Au début du XVIIIe siècle, son ancêtre Pierre Moulin, maître tisserand à Montmorin dans les Hautes-Alpes, était venu se fixer à St-Andiol, sur les bords de la Durance, dans le nord des Bouches-du-Rhône.
Les Moulin exercèrent leur métier de tisserand de père en fils jusqu'à son grand-père Alphonse.
François-Xavier Moulin servit longtemps dans la marine de Napoléon Ier, en particulier sur le vaisseau L'Orient dont il fit ce magnifique dessin. En 1815, il rentre reprendre son métier à St-Andiol où on l'avait cru mort et où ses frères s'étaient déjà partagé son petit héritage ! Ayant pu se faire rendre justice, il se maria et fit souche.
Il a reçu la médaille de Sainte-Hélène.
Alphonse, fils cadet de François-Xavier, laissa le métier de tisserand à son aîné, Toinet, pour prendre celui de barbier. En même temps, il devint agent d'affaires, achetant et vendant des propriétés. Il acquit ainsi une certaine aisance et pu faire donner de l'instruction à son fils.
C'était un homme jovial qui pratiquait volontiers la « galéjade ». Mais c'était surtout un homme aux opinions républicaines bien connues. Il milita contre l'Ordre Moral, en faveur de la République. Après l'essai du coup d'état du 16 mai 1877, son associé en affaires, qui était l'un des principaux « blancs » du village, le dénonça comme séditieux et hostile au gouvernement de Broglie. Il fut incarcéré à la prison de Tarascon pendant trois mois.
Devenu veuf peu après la naissance de son fils, il resta veuf plus de vingt ans, puis, dans son âge mûr, il s'éprit d'une jeune fille, Alexandrine Crémieux, et il l'épousa. Fille d'un juif converti et d'une Provençale catholique, elle était très dévote et très instruite pour l'époque et le lieu, ayant son brevet supérieur. Elle eut toujours une prédilection pour Jean. En 1916, lorsqu'il fut reçu à son baccalauréat, elle lui écrivit une lettre touchante et prophétique :
« Te voilà content, mon petit chéri, et lancé courageusement vers l'avenir qui vient déjà de te sourire. Ajoutons le pinceau à la plume et quelque jour on entendra dire : le célèbre Moulin. »
Veuve du boulanger Pierre pègue à l'âge de 30 ans, douée de sens pratique, laborieuse et économe, elle fit face à la situation et éleva seule ses deux filles Marie et Blanche. Lorsque celles-ci furent mariées, elle se retira du commerce avec juste assez d'argent pour acheter le mas de Saint-Louis à Verquières dont le fermage lui assura de quoi vivre dans une petite aisance. Elle alla vivre chez sa fille aînée, Marie - épouse Sabatier - qu'elle secondait dans son commerce de tissus. Mais surtout elle assistait utilement son gendre dans la conduite et l'exploitation de ses propriétés.