Le petit Jean fut très précoce en dessin et manifesta tout jeune un don remarquable. Vers cinq ou six ans, il avait déjà un grand don d'observation et un joli coup de crayon. Ce don se développa avec l'âge. C'était la seule chose qui l'intéressait vraiment. Sa sœur Laure a écrit : « Ce n'est que lorsqu'il dessinait librement que Jean s'appliquait vraiment. Il était capable de rester une heure et plus sans bouger, le crayon à la main, griffonnant en marge de ses cahiers ou composant une scène comique. ».
Tout petit, il avait une drôle de façon de croquer un personnage : il commençait par les pieds, chaussés de godillots, et montait jusqu'à la tête, toujours expressive. Et ces personnages tenaient remarquablement debout !
Au collège, ses camarades et lui firent paraître un petit journal illustré. Il en fut bien sûr le dessinateur. C'est ainsi qu'il fit le portrait en pied, légèrement caricaturé, de quelques professeurs.
À la rentrée des classes, en 1914, il se remet à dessiner en s'inspirant de l'actualité : gosses à la Francisque Poulbot se livrant bataille avec des sabres de bois, bambins souffrant de la faim et du froid à qui l'on distribue une soupe chaude à la maternelle, petits pauvres dont la cheminée est vide à Noël, poilus dans les tranchées, embusqués poursuivis par la réprobation publique, stratèges en chambre, sans oublier les caricatures de Guillaume II, du Kronprinz, de François-Joseph, de Ferdinand de Bulgarie et d'autres encore.
Certains de ses dessins furent publiés dans des journaux de Paris, dont La Baïonnette et La Guerre Sociale de Gustave Hervé. Le premier est publié dans le n° 17 de La Baïonnette le 28 octobre 1915. Il lui fut payé 10 francs. Quelle joie et quelle fierté pour un jeune homme de juste 16 ans ! Il continuera longtemps à publier quelques dessins dans la presse satirique sous le pseudonyme de Romanin (voir Journaux satiriques).
En 1917, il prend des cours de dessin par correspondance auprès de "The Press Art School" de Londres. Le 5 octobre 1917, il reçoit le corrigé de ses travaux relatifs à la première leçon.
En 1921, il dessine l'affiche du Xe Congrès de l'Union des Associations d'Étudiants (voir Affiches).
En 1922, ses études terminées, il reste quelques mois à la préfecture de l'Hérault, à Montpellier, en attendant de rejoindre le préfet Maurice Mounier qui l'appelle auprès de lui comme Chef de Cabinet. Il entre alors officiellement dans la carrière administrative et il adopte le pseudonyme de « Romanin », nom d'un château féodal des Alpilles dont il connaît bien les ruines. Son premier dessin signé Romanin a été réalisé à Montpellier.

























Terres cuitesIl réalise quelques médaillons de terre cuite dont un portrait de son frère Joseph, décédé à l’âge de 19 ans.





Au collège








Ses cahiers sont couverts de dessins... Le moins "illustré" est sans doute celui de dessin technique, mais il s'agit peut-être d'un cahier de Laure et non de Jean !
La Grande GuerreDès 1915 Jean Moulin publie ses premiers dessins dans la presse nationale. Ce jeune homme de 15-16 ans pose un regard subtil et éclairé sur les belligérants de cette guerre.



























Proche du frontJean Moulin est mobilisé le 17 avril 1918 avec la classe 19. Il est affecté au 2e génie de Montpellier. Mi-septembre, il est dirigé vers les Vosges. Le 25 septembre il est dans le petit village de Socourt près de Charmes.
L'armistice le trouve encore à Socourt alors que sa compagnie s'apprête à monter en première ligne. Des prisonniers libérés passent par Charmes. Il est très impressionné par les anglais qui reviennent d'Allemagne.




































Comme ses cahiers de collègien, ses cahiers d'étudiant sont couverts de dessins...
Journaux étudiantsIl illustre les journaux étudiants, signant JM ou Joanito...





AquarellesPendant ses études, entre 1920 et 1922, il réalise une série d'aquarelles...







